Rouler sous la pluie, 3 façons de voir les choses

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Temps de lecture estimé: 5 minutes

Chez Uber:

Prime pluie du 23 mars, annoncée par SMS

 

 

 

Chez Foodora:

 

 

 

Message préventif (messagerie interne aux coursiers Foodora) le jour de la tempête qui a frappé plusieurs départements en France dont Lyon le week end du 5 mars. Le bonus pluie (+2€ par heure) a été déclenché pour les shifts de l’après midi et du soir.

 

 

 

 

Message de prudence et prime (+2€ par heure) annoncée par la messagerie interne Foodora le 23 Mars

 

 


 

Deliveroo:

Réponse de Deliveroo à une coursière qui demandait sa prime intempérie. Tout un pâté pour dire: DTC (la prime n’a pas été activé pour la tempête, ni pour les 15mm du 23 mars, car si cela avait été le cas, on aurait été prévenu AVANT le shift)

 

Marrant qu’ils évoquent le ‘caractère exceptionnel’ de la météo, sachant que le 5 mars on était en ‘vigilance orange’ et qu’il n’y a pas eu de bonus. Il leur faut un Katrina avec 50 coursiers fauchés par la tempête ou quoi?

Surtout qu’on ne parle pas d’un bonus de folie, mais d’un malheureux euro supplémentaire par course…

 

 

Pourquoi tu veux des primes pluies, t’es un fragile lol?

Pénibilité

Rouler sous la pluie pendant des heures c’est TRES pénible, surtout quand les températures sont fraîches. On ne parle pas d’une averse de 10 minutes (pendant laquelle les gens se planquent le long des trottoirs pour trouver un abri au cours de leurs 10 minutes de marche quotidienne), mais de plusieurs heures sous la flotte.

L’humidité amplifie la sensation de froid, elle même multipliée par la vitesse du vent relative au déplacement du vélo. C’est très rapidement insupportable. D’autant plus qu’en tant que cycliste, on est arrosé autant par l’averse que par les éclaboussures de la chaussée.

Alors oui, on peut certes se protéger un minimum avec des vêtements techniques (et des gardes boues), mais il faut savoir que rien ne résiste à la pluie au bout de quelques heures. Pas même une paire de couvre-chaussures en GoreTex à 90€.

Rapidement, on est complètement imbibé et frigorifié, devant profiter des quelques minutes dans les halls d’immeubles ou dans les restos pour se réchauffer une peu. J’insiste, mais on ne parle pas de 15 minutes sous la pluie, ni d’une heure, mais de minimum 3 à 4 heures, jusqu’à plus de 10 si on a la malchance d’avoir réservé une journée entière de boulot tombant un jour de pluie.

Et même si l’averse ne dure que quelques minutes, on reste trempé pour le restant de son shift. La route met également du temps à sécher, et le simple fait de rouler sur une chaussée humide continue à nous asperger.

Si l’on est prévoyant, on peut amener du rechange avec soi, mais on ne fait que repousser le moment où l’on va ruisseler d’eau de pluie.

Dangers

La ville devient un véritable piège dès qu’il se met à pleuvoir. Tout d’abord, il faut savoir que les systèmes de freinages classiques (freins à mâchoires, v-brake, etc…) deviennent presque inopérants dès que la jante est humide. Celle ci devient glissante et les patins n’accrochent plus assez pour ralentir l’allure de manière suffisamment sécurisée.

Il est donc impératif de rouler bien plus lentement, et d’anticiper la circulation bien plus en amont qu’à l’habitude. Si un piéton sort d’entre deux voitures comme cela arrive régulièrement, il devient presque impossible de l’éviter. Idem si une voiture freine brusquement.

La solution idéale reste d’utiliser des freins à disques.

Ensuite, il faut prêter une attention particulière à l’environnement urbain: dalles en marbre, pavés, plaques d’égout sont autant d’éléments qui peuvent se révéler piègeux: une accélération/freinage dessus, ou un virage trop appuyé, et c’est la gamelle assurée.

Coût financier, et temps perdu

Le matériel prend cher: la transmission du vélo (mais la chaîne surtout) s’use plus vite, pareil pour les patins de freins (on peut en flinguer une paire très rapidement sous la pluie), voire, à long terme, les jantes elles mêmes.

Comme évoqué plus haut, il faut s’équiper de vêtements techniques de qualité pour repousser le plus longtemps possible le moment où l’on sera trempé: sous vêtements, veste de pluie, couvre-chaussures, sous-casque, gants… Cela se chiffre en centaines d’euros.

J’avais oublié le téléphone portable: on voit régulièrement passer dans les groupes FB des messages du genre ‘mon portable a pris l’eau hier soir et il est mort, vous me conseillez quoi en remplacement?’, comme si c’était normal de bousiller un appareil à plusieurs centaines d’euros pour un shift à 40€ la soirée…

Ensuite, une fois rentré de son shift il faut faire sécher/laver tout ça rapidement pour pouvoir les réutiliser le lendemain. Je pense notamment aux chaussures, très difficile à faire sécher en une nuit, donc radiateur soufflant obligatoire. Ou encore aux vestes/t-shirt obligatoires, qu’il faut laver à la main…

Penser également à nettoyer le vélo, au moins grossièrement (ne pas oublier un coup de sopalin sur la chaîne, et un re-huilage dans la foulée, si possible avec une huile spéciale conditions humides). Pour finir, un nettoyage du sol de l’appartement, que l’on aura bien dégueulassé avec le vélo qui dégouline de cambouis et les chaussures qui font ‘pouic’.

Pour résumer, un shift sous la pluie c’est toute une logistique qui se met en place, avec un coût associé. Le froid, l’inconfort, la vigilance accrue lors de la conduite rend tout cela pénible. Sans compter qu’en général ces jours là il y a pas mal de retards (coursiers qui préfèrent ne pas aller rouler et nombres de commandes accrues), augmentant la pression et donc le risque d’accident pour le livreur.

C’est pas juste ‘ouin je vais être mouillé’.

7 Comments

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