Comment j’ai redécouvert le métier de coursier en travaillant à Lyon

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Temps de lecture estimé: 7 minutes

Après 7 mois à Paris (et près de 1700 courses), je me devais de faire deux constats: il me sera impossible de louer un appart en région parisienne en étant auto entrepreneur.

Ensuite, étant ‘cycliste’ à la base, la vraie route me manque. Il est difficile de s’entraîner à Paris, tant il faut faire de kilomètres pour sortir des agglomérations. J’adore certes aller rouler sur les circuits de Vincennes ou Longchamp (points de rdv des cyclistes de l’est et de l’ouest parisien), mais les parcours avec du dénivelée et les belles épreuves du calendrier de Bourgogne ou Rhône-Alpes me manquaient.

Je décide donc, un peu sur coup de poker, d’aller m’installer à Lyon, étant la ville qui offre le plus de boulot de coursier d’indépendants après Paris. Les 3 grandes sociétés historiques y étaient installés, malheureusement entre temps Take Eat Easy a fermé ses portes, réduisant le choix à Deliveroo et Foodora.

La colline de Fourvière
La colline de Fourvière

Comment on change de ville chez Deliveroo?

On nous le rappelle dans la FAQ ou certains numéros des newsletter: Deliveroo étant présente un peu partout dans le monde, si l’on déménage on ne doit pas hésiter à aller travailler dans les branches locales de la boite!

J’ai donc posé la question par email pour savoir comment faire. Comme d’hab avec Deliveroo, le support prend son temps pour répondre (une dizaine de jours), et c’est finalement Deliveroo Lyon qui m’a répondu directement. J’ai du répondre à un mini questionnaire ressemblant à celui posé lorsqu’on veut postuler (type de vélo, disponibilités, connaissance de la ville, etc…).

Le retour a été positif: on m’attendait à Lyon pour un mini embarquement afin de me présenter les différences de fonctionnement entre les 2 villes. J’aurai quand même voulu poser quelques questions avant de me lancer dans l’inconnu (y avait-il par exemple assez de boulot sur place pour faire un temps plein?), mais non pour cela je devais me rendre sur place.

C’est un peu le saut dans l’inconnu, d’autant que le manager m’annonce que le principe de la réservation des shits est différent de celui de Paris: il faut postuler chaque semaine, il n’y a pas de report automatique. Le genre de détails qui donne des sueurs froides lorsque on bosse à temps plein avec Deliveroo.

Enfin, la bascule n’est pas automatique: j’ai du prévenir moi même Deliveroo Paris que j’allais bosser dans la branche lyonnaise.

Les différences entre Paris et Lyon

Taille de la flotte

Lyon étant la 3e ville de France (la 2e agglomération), je m’attendais à retrouver des dizaines de collègues comme à Paris. Il y a un rapport de 5 entre les populations des deux villes, donc j’imaginais la même chose pour le nombre de coursiers.

En PCN, ma zone parisienne, on était 20 à 30 coursiers à bosser les midi, 10 à 15 les après midi et 70 à 120 les soirs. A Lyon sur la zone centrale, nous ne sommes que 2 à 5 les midis, 2/3 les après midi et 8 à 10 les soirs! La différence est énorme, en gros il doit y avoir moins de coursiers sur tout Lyon (4 zones) que sur un seul arrondissement de Paris.

Ainsi je n’ai croisé mon premier collègue qu’après plusieurs heures de boulot, alors qu’à Paris j’en croisais toutes les 30 secondes.

J’ose pas imaginer dans des villes plus petites comme Lille voire Rouen!

Les shifts

Comme je l’écrivais plus haut, la réservation des shits est différente. A Paris lors de l’embarquement on choisi ses créneaux horaires, que l’on garde ensuite chaque semaine. Par la suite, on peut postuler en liste d’attente pour de nouveaux créneaux, ou bien poser une absence pour en supprimer d’autres.

A Lyon on utilise la même application (staffomatic), mais il faut s’inscrire chaque semaine pour les créneaux de la semaine suivante, il n’y a aucune maintien d’une semaine à l’autre.

Même principe que feu Take Eat Easy. D’un côté c’est chouette car cela permet une flexibilité totale, de l’autre c’est assez angoissant car si l’on est pas assez rapide ou que l’on loupe le moment où la semaine est publiée, on peut se retrouver sans boulot!

En pratique, pour l’instant, on peut se permettre de louper la mise en ligne car il reste assez de boulot plusieurs heures après (voire plusieurs jours après) pour faire une trentaine d’heures.

Mais si ça devenait comme chez TEE ou chez Stuart, où tout est (était) booké en quelques secondes, la situation deviendrait plus compliquée.

Concernant les horaires des différents shifts, c’est proche de ce qui existe à Paris, sans être tout à fait identique. Ainsi, on peut faire tous les jours du 8h30/23h15, alors qu’a Paris les shifts du soir on été étendus progressivement jusqu’à minuit. Ici, les shift long du soir c’est 18h45/22h45. Ceux qui terminent à 23h15 sont bizarrement des shifts semi longs commençant à 19h30 (soit seulement 3h45 de boulot).

Les shifts des après midi sont bien présents (j’avais peur que ce ne soit pas le cas), il est donc possible de se faire de bonnes journées de travail 🙂

Les courses, et la paye

Les rémunérations sont les mêmes qu’à Paris pour les anciens qui sont payés à l’heure plus à la course. Les nouveaux sont à seulement 5€ la course, contre 5.75 à Paris.

Il y a un peu moins de boulot qu’à Paris: je suis passé sous les 2 courses par heures en moyenne, et les pourboires sont également bien moins systématique 🙁

C’est vrai que ce sont encore les vacances d’été (mais c’était aussi le cas à Paris lorsque je l’ai quittée), donc j’attend la rentrée avec impatience pour voir si cela va un peu se débloquer.

Mais surtout, une des raisons pour laquelle on fait moins de courses est liée au titre de cet article: ici, le boulot est beaucoup plus dur qu’à Paris!

Avec le recul, je me dit que le boulot de livreur Deliveroo à Paris (tout du moins en PCN, je ne  me prononcerais pas sur les autres zones même si j’ai fait un peu de PE/PSE) était une vraie planque.

J’avais une moyenne de 2 à 2.5km par course (au total: distance au resto puis au client), ici j’en ai le double. C’est même supérieur aux distances moyennes que je faisais chez Take Eat.

Pour donner quelques idées, ici faire 4 à 6 km pour se rendre au resto n’est pas du tout inhabituel (mon record c’est 7.5). Avoir 2.5 km de distance resto/client c’est la routine, alors qu’à Paris c’était une limite haute.

Mais ce n’est pas tout: Lyon est pourvue de plusieurs collines, Fourvière et la Croix Rousse notamment. On y monte 2 à 3 fois par shift (jusqu’à 7/8 fois par jours), cela représente 80 à 100 mètre de dénivellation pour chacune des courses qui nous envoie là haut, avec des passages à plus de 15%. Par comparaison, Menilmontant à Paris c’est moins de 50 mètres de dénivelée, et 10% dans son passage le plus difficile.

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Au final, un shift c’est minimum 35 km, et cela peut aller jusqu’à 50 km! Une journée de boulot, c’est 80 à 100km, voire un peu plus!

J’ai beau avoir un passé de compétiteur, et 7 mois de boulot dans les jambes, ma première semaine à Deliveroo Lyon m’a un peu mis ko! J’ai vite échangé mon singlespeed pour un vieux vélo de course (je me suis fait voler mes bons vélo à Paris en juillet…), et depuis ça va mieux, je ne suis plus obligé de faire les montées à pieds :p

Et la suite?

Lyon est une très belle ville. C’est difficile à expliquer, mais il y règne une ambiance calme, reposante. Avec les collines sur le côté ouest de la ville, on a l’impression d’être à la campagne. Les quais de la Saone et du Rhône joliment aménagés donnent un aspect de station balnéaire à la ville.

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Fini, les klaxons sans fin, les sirènes non stop des pompiers ou de la police: on se croit ici par moment dans un village, notamment dans le vieux Lyon où sur les pentes de la Croix Rousse!

Il y a certes la partie est de la ville aux grandes artères longilignes, moins plaisantes à parcourir.

Côté sportif, dès la sortie de la ville côté ouest on est immédiatement en zone semi rurale, avec des belles routes en montées idéales pour la pratique du vélo.

Est ce que pour autant je vais rester définitivement à Lyon? Idéalement, sportivement, j’aimerais, mais il ne faut pas se voiler la face, le boulot est à Paris, avec des nouvelles boites de livraisons qui poussent chaque semaine…

Tant que Deliveroo continuera à payer les anciens à l’heure ça ira, mais si les conditions se dégradent j’aurais 10 fois plus de chance de rebondir à Paris qu’à Lyon, sans parler de la possibilité de signer un CDI avec une vraie boîte de course…

 

 

 

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